Cet hiver est tellement bizarre qu’il faut saisir la moindre occasion, on l’a assez écrit ! Et petit à petit, même si j’ai très peu skié en quantité, les belles lignes de qualité commencent à s’accumuler.
A l’approche de la vraie saison de rando (mars à mai en théorie), j’ai déjà en effet quasi skié mon quota de pente raide annuel.
Alors, en ce lundi de récup’ après quelques semaines de boulot bien chargées, je me dis que l’Equipe du Lundi a forcément quelque chose en tête du côté de Chamonix !
Sortir avec eux, c’est l’assurance de : 1- Skier dans un coin sauvage et probablement désert; 2- Skier une belle ligne bien accompagné; 3- Se marrer et finir avec une pizza et une bière.

Le programme habituel se vérifie avec un itinéraire prévu dans le bassin de Miage, du côté du Val Veny, au-dessus de Courmayeur. Très fréquenté en été, le coin est particulièrement isolé et hostile en hiver, le rendant donc particulièrement intéressant pour l’Equipe du Lundi. CQFD. (Vous avez suivi ?).
Un calvaire sur 1.000m. Et puis…
Bref, notre petite bande du jour composée de Lolo, Hervé, Colas et moi-même s’élance au matin du sommet des pistes de Courmayeur (Cresta d’Arp) pour rejoindre le Val Veny au niveau du Lac Combal.
Cet endroit où je suis passé plusieurs fois en courant un dossard sur le ventre est plus facile à atteindre par gravité qu’en montant à pied, au moins en hiver !
Hiver ou été, on ne sait d’ailleurs plus trop au moment de mettre les peaux de phoque, puisque la chaleur est assommante et que nous sommes tous en T-Shirt !
Du Lac, il faut compter 1h30 de plus pour arriver au pied de notre couloir du jour. Il a entièrement purgé et paraît être un des plus safe du coin. Banzaï !
Après une semaine plus qu’intensive en course à pied, je savais en partant le matin que je n’étais pas frais (du tout). En fait, c’est pire et je vais pendant les 1.000m de dénivelé vivre un de mes pires calvaires en montagne.
Compte tes pas jusqu’à 100, recommence. Arrête toi pour respirer. Re-compte jusqu’à 30. Aperçois-toi que tu as gravi 30m de dénivelé…sur 1000.
Cela a un peu été le combat intérieur que j’ai mené pendant les 2h30 de remontée de la face. Aux 700m, je suis bien décidé à m’arrêter, mais j’aperçois le sommet du couloir et donne tout pour le rejoindre.
Col du Brouillard (3288m), couloir SO (voie du 1894)
Ca aurait été dommage de s’en priver… mais que ce fut dur ! Et pour tout le monde, d’ailleurs. La chaleur a fait beaucoup de dégâts sur les organismes (sauf l’inoxydable Hervé), et je suis monté jusqu’à presque 3300m en T-Shirt manches courtes…début mars ! Lolo ne parle même plus, signe d’une fatigue extrêmement avancée.
Et puis, subitement, tu oublies tout ! Tout comme tu en as chié, comme il fait chaud, comme tu avais la tête qui tournait et que tu te jurais que lundi prochain tu resterais dans ton canapé.
Parce qu’il y a une descente de 1.000m sous tes pieds, skiée seulement une fois avant toi par Davide Capozzi et ses potes l’année dernière. Pas qu’elle soit extrêmement difficile ou engagée (5.1 // 1000m entre 40 et 45°) mais plutôt parce que personne d’autre ne s’était motivé avant.
C’est un régal de neige de printemps juste transformée qui nous fait office de lavage de cerveau. Plus que du plaisir, des endorphines et un peu d’adrénaline.
On s’encourage, on se regarde descendre, on apprécie… et on file attraper le dernier télésiège pour basculer vers le parking de Courmayeur.
A la manière d’un ultra, difficile d’expliquer comment tu peux passer par autant d’états dans une même journée. Et pourtant, tu y reviens chaque fois, avec la même passion !
Car les moments en montagne comme celui-là sont rares, et que nous sommes peu nombreux à avoir la chance de les vivre.
La sortie du jour sur Strava :
Stay tuned!
Timoth