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Courez décalé : interview de Mathieu, co-fondateur de Douzaleur !

Depuis quelques mois, une nouvelle marque de course à pied a fait son apparition sur le web et dans les pelotons. Portée par une communication efficace, notamment sur les réseaux sociaux, la petite nouvelle n’a pas tardé à se faire remarquer et faire parler d’elle.

Florent et Mathieu ont en effet donné naissance à Douzaleur, une marque de textile à l’esprit humoristique clairement affiché avec son slogan « Courez décalé » ! Pour l’instant, la gamme se limite à 6 modèles de T-shirts, mais nul doute qu’elle s’étoffera assez vite. Les messages sont percutants, et parlent aux runners avertis, mais pas que…(voir la gamme). Voici l’exemplaire qui m’a été gentiment envoyé : il me va très bien :)…et la qualité ainsi que la coupe sont au rendez-vous !


Beaucoup de marques voient le jour dans le milieu du running. Certaines subsistent, d’autres non. Je ne parle pas souvent de ce qui se fait sur Peignée Verticale, sauf quand cela m’interpelle particulièrement.
Et pour Douzaleur, c’est le cas : Mathieu Pardon, un des deux fondateurs, a en effet ciré les mêmes bancs d’école que moi à Grenoble Ecole de Management. J’ai donc voulu l’interviewer pour en savoir plus sur cette initiative originale et aborder avec lui le côté business d’une création de e-shop en 2013.

L’interview de Mathieu, co-fondateur de Douzaleur 

Salut Mathieu ! Peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire comment t’es venue cette idée de créer la marque Douzaleur ?
Salut Timothée ! Ligérien d’origine, me voilà désormais à Paris depuis la fin de mes études. Crise de la trentaine, crise des espaces verts à Paris, crise tout court, le moment était venu de redonner un peu de sourire aux gens en cette année 2013.
La course à pied que je pratique depuis 5 ans était un bon point de départ. A Paris ou à Londres (où vit mon compère Florent), le constat est rapidement le même : nombreux sont ceux qui ont attrapé le virus de la course à pied, maints sont ceux qui se prennent pas mal au sérieux et peu en définitive sont ceux qui ont l’air de s’amuser quand ils courent…
Il manquait clairement une touche de fun dans cet univers, c’est comme ça que l’idée de Douzaleur a germé !
• Douzaleur ? Pense-tu que 12km/h (50′ au 10km; 3h30 au marathon) soit vraiment le repère le plus fort des runners ou n’as-tu personnellement jamais réussi à dépasser cette vitesse ? 
Le chiffre 12 est empreint d’une symbolique très forte et d’une richesse sans pareille dans notre civilisation (des exemples? les 12 travaux d’Astérix, les 12 coups de midi, les 12 salopards!). Par extension, nous avons la prétention de penser que 12km/h est un symbole incontournable dans l’esprit des runners… qui ne sont pas très bons en arithmétique !
5 minutes au kilo, le calcul est vite fait même lorsque l’esprit divague, que l’on fasse 10, 20 ou 50 bornes. De mon côté, effectivement je cours toujours après ce Graal. Apprendre récemment dans un reportage de National Geographic qu’une anguille nage à une vitesse moyenne de 12 km/h m’a encore plus motivé pour atteindre cet objectif.
Si une anguille peut le faire, pourquoi pas moi ?!

• Je t’ai taquiné dans la question précédente, mais je sais que tu es un coureur assidu : quels sont tes projets sportifs à venir, tes rêves ? 
Plus qu’un coureur assidu, je suis davantage un coureur exigeant qui déteste répéter les mêmes parcours. Il me faut donc de la nouveauté, de la surprise, de nouveaux paysages, de nouvelles têtes, des gens qui portent des messages sur leur tee shirt…
Pour 2014, je prévois l’ascension du Mont Toubkal en mai et la CCC en août, car mon groupe sanguin est avant tout D+. Mon rêve serait de voir Douzaleur en partenaire principal d’une course / d’un trail en 2014… et le rêve n’est pas loin de devenir réalité…!
• Maintenant que nous avons bien cerné l’esprit de la marque (et que l’on se demande si vous êtes décalés ou plutôt complètement barrés), j’aimerais aborder le côté business.
Qu’est ce qui pousse deux jeunes diplômés avec un emploi stable à se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat, qui plus est dans la jungle de la course à pied ? 
Sans doute la recherche d’un supplément d’âme dans ce qu’on fait au quotidien. Comme si nos « emplois stables » nous poussaient justement à aller vers davantage d’instabilité et à prendre quelques risques pour se réaliser autrement et se faire plaisir.
L’envie de créer quelque chose de personnel dans un domaine qui nous est cher nous habite depuis pas mal de temps avec Florent. Nous avons juste attendu la bonne idée et le bon moment pour nous lancer.
• Te verrais-tu en faire ton boulot à plein temps ? Si oui (si c’est non, tu réponds quand même !), combien de T-shirts faudrait-il vendre à l’année pour être rentable ? 
Ce serait le top !
Il y a encore un peu de boulot pour ça mais tout est possible. En partant du principe que tout coureur qui se respecte a en lui une dose d’humour (aussi faible soit-elle), il nous reste encore pas mal de monde à équiper, en France comme à l’étranger !
Puisque tu insistes pour parler SR (seuil de rentabilité) plutôt que SL (sortie longue !), je te répondrais qu’environ 700 pièces feraient notre affaire dans un premier temps mais qu’on ne compte pas s’arrêter là.

• Peux-tu nous donner un petit aperçu des ventes depuis le lancement de la marque ? 
Le démarrage est vraiment très intéressant et l’enthousiasme suscité auprès de la communauté va au-delà de nos premières espérances et nous encourage. En 2 mois, plus de 150 tee-shirts ont été écoulés avec des expéditions en Martinique, à la Réunion, au Mexique, au Maroc, en Suisse, au Luxembourg, au UK et… à Annecy-le-Vieux chez toi !
La période de Noël s’annonce palpitante. Au-delà des chiffres, le contact est vraiment très aisé avec ces runners de tous horizons qui collent clairement à l’esprit qu’on cherche à insuffler. 
• Quel a été votre investissement de départ pour vous lancer dans cette aventure ? (création du site, échantillons, production, etc.) 
Entre 5.000 et 10.000 euros à 2 sachant que nous avons réalisé nous-mêmes le site Internet (www.douzaleur.com) et les créations graphiques de la marque. La somme reste donc raisonnable, l’investissement en temps l’a été un peu moins mais le jeu en vaut la chandelle.
• Combien de temps vous laissez-vous pour percer ? Comment vois-tu l’avenir (boutique physique ? ou autre ?) ? 
On a tout notre temps et on est du genre assez pugnace ! S’imposer dans le cœur des runners français ne se fait pas du jour au lendemain, nous savons que c’est un challenge de tous les jours, une sorte d’ultra longue distance où il ne faut pas jeter toutes ses forces dans la bataille dès le 1er km.

Pour ce qui est de l’avenir immédiat, nous allons continuer d’utiliser le web comme vecteur n°1 de nos ventes que ce soit via notre boutique ou d’autres marketplaces bien choisies. Le référencement physique en magasin ne fait pas partie des priorités dans notre stratégie de développement et nous prévoyons de ne le faire que de manière très ciblée.

Car, soyons clairs, nous gagnons très peu d’argent en exposant en boutique. L’objectif est ailleurs, il s’agit avant tout de gagner en visibilité d’où l’intérêt de bien cibler les boutiques.


• Vu de l’extérieur, une boutique Web ça fait très sérieux…Peux-tu nous raconter ton quotidien de gérant de boutique en ligne à temps partiel ? 
C’est relativement simple, il suffit d’enfiler les bonnes casquettes au bon moment ! Dès que s’achève ma première journée de travail, je mets ma deuxième casquette Douzaleur pour la soirée et s’organise alors le ballet des expéditions, le SAV, la com, le démarchage, la créa, les réunions stratégiques sur Skype avec mon compère Florent qui est à Londres…
• Il existe pour l’instant une gamme assez réduite chez Douzaleur : comptez-vous l’étoffer ou êtes-vous en panne de slogans ? 
Le jargon du runner est une sorte de camel bak sans fond !
La gamme actuelle va donc largement s’étoffer dans les mois qui arrivent pour que chacun y trouve son compte et coure décalé. D’ailleurs, si je devais estampiller un slogan spécial Timothée Nalet pour tes courses de chamois dans les montagnes, ça pourrait donner : « Mon objectif ? Un Tokina à 11mm, ISO 125 pour mes SL ». (Timothée : Pari est pris, j’attends ce T-shirt dans ma boîte aux lettres !)



• Comptez-vous faire autre chose que des T-shirts ? (on est tous dans l’attente fébrile du tapis de bain Douzaleur!) 
On va tâcher d’éviter autant que faire se peut « le produit de trop » chez Douzaleur. Pas de co-branding improbable en vue ou de déclinaisons inutiles de produits, on veut rester concentré et fidèle au textile du runner. Ne perdez donc pas votre temps à attendre les boules de pétanque ou les espadrilles estampillées Douzaleur, elles ne viendront pas!
• Un dernier mot pour tes fans ?
Toujours avec le sourire et en toutes circonstances : René, Renée, Runnez !
Merci beaucoup Mathieu, et longue vie à Douzaleur !

Stay tuned!
Timoth




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