Avril : les vallées verdissent, les oiseaux s’agitent, tout un petit monde semble se réveiller en forêt et fêter la fin de l’hiver.
Avril et mai sont pourtant les meilleurs mois pour le ski de randonnée, en haute-montagne.
Des mois où il fait moins froid pour aller skier en haute-altitude, et pendant lesquels la nivologie est plus facile à analyser : froid le matin, chaud l’après-midi.
C’est avec cette idée en tête que nous sommes partis avec Antoine en mission exploration dans l’Oberland Bernois, en Suisse. 3 jours avec un objectif à moitié avoué (l’itinéraire n’est que partiellement défini..) : l’Aletschhorn et son sommet à près de 4200m d’altitude. Le temps est plutôt annoncé meilleur que sur le reste des Alpes et nous avons les jambes bien reposées : il ne reste plus qu’à essayer !
Avril et mai : meilleurs mois pour le ski en altitude !
Notre première journée est un vrai voyage : 18km et 1750m de de montée depuis le village de Blatten, dans la vallée de Lötschental, pour rejoindre la Hollandiahütte. Autant dire une vraie bavante ! Nous aurons la satisfaction de rejoindre la cabane en moins de 5h contre 7 à 8h annoncées par la topo, mais la journée ne restera pas dans les annales du ski.
Là-haut, à 3240m, nous faisons la connaissance d’un guide local qui nous conseille un joli tour pour nos deux prochaines journées : l’Aletschhorn pour le lendemain par sa face N, une nuit à l’Oberaletschutte, et le passage du Beichpass le lendemain pour rejoindre Blatten. Ca parait facile.
Le lendemain à 5h20, au pied de la face, ça l’est déjà beaucoup moins. Elle est :
- raide
- non tracée
- en poudreuse plus ou moins profonde.
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Un gros chantier s’amorce alors et on se relaie pour avancer à travers cette poudre épaisse. Dommage que ce ne soit pas l’itinéraire de descente prévu car il aurait été délicieux.
Au bout de 300 à 400m sur les 1.000 à effectuer, le brouillard nous avale et change la donne. Nous rejoignons à l’aveugle la crête balayée par 80km/h de vent qui lie le Sattelhorn et l’Aletschhorn et sommes toujours bien décidés à cocher ce ‘4000’. 30 minutes plus tard, il faut se résigner : trop de fatigue pour nous deux après 4h à brasser et trop de vent pour que le reste de l’ascension soit raisonnable.
Nous mettons le clignotant au niveau du Kleines Aletschhorn, pour basculer sur un des échappatoires prévus la veille : une belle descente assez raide (4.1 / 4.2 ?) qui nous mènera jusqu’à l’Oberaletschutte. L’impression de solitude est totale sur cet immense glacier où nous ne sommes que deux, avec des séracs et des rochers à perte de vue.
Des glaciers à perte de vue
Au bas du glacier, il faut remonter jusqu’à la cabane par des échelles et des câbles qui n’étaient pas tout à fait prévus et finissent de nous rôtir ! Il est 11h30 du matin, il reste 7h à attendre jusqu’au repas du soir…
Autant dire tout de suite que ce sera long… Je vous passe donc les 100 pas, les lectures et relectures de carte, les longues discussions, etc. pour me concentrer sur l’essentiel : la journée du lendemain.
L’idée est de remonter le Breichgletcher pour aller grimper le Breithorn (Breithorn local, car il y en a déjà 3 sur la carte locale..) puis redescendre et aller passer le fameux Beichpass qui nous lie avec notre vallée de départ.
Les échelles sont beaucoup moins drôles à descendre qu’à monter, à la frontale au petit matin, et me semblent bien longues. Je suis plutôt plus à l’aise une fois les skis au pied à glisser sur le glacier.
C’est une des ambiances que je préfère en ski de rando : la lumière qui augmente au fur et à mesure que les yeux s’habituent à l’obscurité, ou l’inverse.
A cette altitude, on ne joue pas
Malheureusement, les chats noirs sont de sortie… Après les conditions dantesques de la veille, le brouillard s’invite de nouveau dès le lever du jour et nous complique la tâche.
Nous parvenons jusqu’à 3500m en faisant la trace entre les séracs, mais à cette altitude, et avec 3m de visibilité, nous ne prenons pas le risque d’aller plus loin.
Redescente au Beichpass donc, que nous ne trouvons pas… On trouve un peu plus loin sur la crête une entrée sur une grande pente qui nous semble mener à la vallée, moyennant une petite désescalade technique…
Et là, miracle (puisqu’il faut bien être chanceux de temps en temps!) : nous nous retrouvons sans le vouloir dans un magnifique couloir de 800m repéré le premier jour en montant. Une pente régulière et soutenue qui doit avoisiner le 5.1 en cotation.
Le clou du tour donc, avant de se laisser filer vers Blatten par les pistes de ski de fond, au prix de derniers efforts en skating dans les courtes montées.
Près de 60km en 3 jours, et en altitude, au retour à la voiture. Le Lötschental Express a bien porté son nom et nous a offert de magnifiques ambiances (très) loin de la foule : à faire ou à refaire !
Retrouvez les traces Strava : Jour 1, Jour 2 et Jour 3.
Photos shootées au Sony RX10ii (24-200 à f/2,8 constant) : un bon compagnon pour la montagne, mais qui ne remplace évidemment pas le Nikon D750 et ses optiques..
Stay tuned!
Timoth
