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Madeira Island Ultra-Trail 2015 (115km – 6800+) : L’ultra à contre-courant

Programmer son premier – et probablement seul – ultra de la saison début avril ?
Quand on habite une région montagneuse où la neige bloque les sentiers jusqu’en mai ?
Une bonne idée vous dites ?
Sur le papier : non ! Surtout pour 115km sur une île qui est surnommée la Petite Réunion.
Oui, mais voilà : en février, avec une belle semaine de travail avec le Team Hoka à Madère, Patricio de Madeira Rural m’a proposé une invitation à venir courir le Madeira Island Ultra-Trail (MIUT). Je venais de me régaler quelques jours sur ces sentiers bien techniques aux points de vue de rêve, il n’en fallait pas plus pour me faire accepter!
La forme à l’époque n’est pas franchement au rendez-vous après un hiver un peu paresseux, mais j’y vois l’occasion parfaite de me mettre un coup de boost et de lancer ma saison d’été !

Au boulot pendant deux mois !

J’ai donc pile 2 mois pour arriver en forme le jour J, sachant que je n’ai pas fait de sorties de plus de 2h30 depuis la TDS en août dernier :). Je me fais donc un simili plan d’entraînement et enchaîne jusqu’à 5, parfois 6 séances hebdomadaires ! 
Plutôt des séances courtes pour ne pas me blesser et travailler la vitesse. Au milieu se cale la Transalp Chamonix-Zermatt à la fin du mois de mars : 25-30h de ski en 4 jours à rythme cool qui viennent parfaire la préparation tout en faisant le plein de globules rouges !
Quelques randos actives en Corse à quelques jours de l’échéance pour me rassurer et me voilà fin prêt. Pour une fois, à part l’endurance, je suis vraiment confiant sur ma préparation !

Reste le plus délicat : se rendre sur place. Les contrôleurs aériens ont décidé de ne plus rien contrôler du tout le jour de mon départ avec Olivier (qui court le 40km), et même en partant de Genève, c’est un peu la panique. Après pas mal de péripéties, nous arrivons sur place le jeudi soir à 2h du matin, soit…20h avant le départ !
Heureusement, Patricio nous a trouvé gracieusement l’endroit parfait pour se reposer et être au calme avant la course : la vila Echium. Un havre de paix juste à côté de Funchal, la plus grande ville de Madère.
Reçu comme un roi donc, puisque le dossard (90€, très raisonnable pour un ultra de 115km) est également offert. Pas trop de dispersion l’après-midi précédant le départ, et je parviens même à dormir presque 3h, histoire d’anticiper les carences en sommeil !

Un départ (très) prudent

Aux alentours de 23h, je retrouve la petite ville de Porto Moniz (nous y avions logé en février) pour le départ du MIUT. La course fera son entrée dans le circuit Ultra-Trail World Tour l’an prochain et il y a donc beaucoup plus de noms que l’an dernier! Outre les Portugais, on retrouve entre autres Thomas Lorblanchet, Renaud Rouannet, Lionel Trivel, etc. On immortalise d’ailleurs les retrouvailles Hoka peu avant le départ !
A minuit, les fauves sont lâchés! Je vise 19-20h, je ne sais pas trop ce qui est réalisable au vu de la technicité du terrain et des 15h30 de Julien Chorier l’an dernier. Ce qui est sur c’est que j’ai en tête de partir piano piano : on attaque d’entrée avec 400m de dénivelé sur une route à peut-être 20% où personne ne court.
Cette bosse avalée, on change de vallée pour faire face à un mur de 1100m cette fois-ci. Beaucoup de pavés et de marches dans des ruelles très raide : on monte en fait un col routier en coupant les lacets 🙂
Je suis bien au chaud dans les 50-60 premiers, dans les pas de Véro que je suis sans réfléchir : je me dis que son rythme est le bon ! Derrière nous, le spectacle est magique et les écarts déjà bien creusés !
La pente se radoucit un peu, et nous courons quelques bornes le long d’une levada (un de ces canaux d’irrigation présents partout ici). Main droite, le vide est palpable : il ne faut pas tomber !
A Fanal (17km), tous les voyants sont au vert, mais le vent violent et le brouillard entrent dans la partie. On est complètement éblouis par la frontale, et il faut se concentrer pour rester sur le chemin. Heureusement le balisage est parfait. Il faut un moment pour sortir de cette crasse et retourner près de l’Océan. Cette première grosse descente est joueuse et technique, avec ses grandes marches, mais je ne m’enflamme pas : cela pourrait faire du dégât plus tard !
D’autant que cela remonte directement sur le plateau d’altitude de l’île, vers Estanquinhos. C’est raide, et un peu monotone, mais la pleine lune vaut vraiment le coup d’oeil. Et, à 1500m, surprise, le sol est gelé ! Comme quoi, il ne fait pas si chaud dans les îles en avril… 
La descente suivante me fait prendre conscience de l’extrême difficulté du parcours : déjà plus de 3.000m de dénivelé positif en… 30km ! Depuis le départ c’est kilomètre vertical en montée suivi d’un autre en descente. La montée à Encumeada me rappelle que je vais à contre-courant de ce que voudrait mon corps. Lui voudrait dormir et moi courir : on se met d’accord avec un thé bien corsé.

Un ultra à contre-courant

A contre-courant, c’est un peu le thème de cet ultra : que ce soit le long des levadas où l’eau coule en sens inverse ou dans l’esprit, cet ultra insulaire me convient parfaitement. Ici, pas de stress, beaucoup de convivialité et le sentiment d’être un peu ailleurs, à seulement 4h d’avion de la France.
A contre-courant, je le suis aussi un peu dans ma pratique : peu de kilomètres à l’entraînement pour conserver l’envie sur les courses, et surtout 2 à 3 grandes courses grand maximum disputées dans l’année. Un équilibre trouvé après plusieurs années de Trail et qui commence à payer en course.

Un participant dans une montée très représentative du terrain rencontré… Photo : Organisation du MIUT

Perdu dans mes pensées, je remonte en effet progressivement dans le classement. Le jour est déjà bien installé quand j’arrive en 25ème position à Cural das Freiras, à mi-course. Je suis plutôt frais et prêt à affronter la difficile suite. Changement quasi complet de vêtements et de chaussures (je passe des Hoka Speedgoat aux Hoka Challenger ATR) : me voilà tout neuf pour repartir un peu devant la 1ère fille.
Nouveau kilomètre vertical (le 4ème de la journée!) et de nouveau vues superbes sur la partie la plus montagneuse de l’île. On se croirait en plein cirque de Cilaos (le cirque 5* de la Réunion) sur cette voie romaine suspendue au dessus du vide. Je rêve éveillé devant la beauté des lieux.
Après quelques montées-descentes dans des escaliers fort biscornus (à l’attention des maçons du coin : une marche de 80cm suivie d’une autre de 25cm c’est pas du tout ergonomique !), me voilà au Pico Ruivo, le point culminant de la course et de l’île. 1800m d’altitude, 68km de faits et 5.800m de D+ déjà !
La bonne nouvelle, c’est qu’il ne reste qu’une seule grosse difficulté : le chemin très aérien dit des pics qui permet de rejoindre le Pico Areerio. 5.5km sur un fil, à enchaîner des montagnes russes vertigineuses, avec 800m de vide de chaque côté, des échelles, des tunnels, des mains courantes…
C’est vraiment bluffant! Rien que pour ça le MIUT vaut d’être couru et cette île d’être visitée.

Luis Fernandes, vainqueur du MIUT, sur le chemin des Pics

Vous l’aurez compris, au 75ème km, il ne reste quasi plus rien : 40km et seulement 700D+. Je suis entamé mais pas tant que ça. Il en faut de la motivation pour courir dans ces longs faux plats descendants après 13h de course. J’ai quelques coups de moins bien mais je tiens ma position de 25ème et je n’ai mal nulle part : pas une crampe, pas un ongle cassé, pas un seul pet de travers. Je ne sais pas si c’est imputable aux Hoka, mais en tout cas je suis au top (tout est relatif quand même…) !

En roue libre

Au sommet de la dernière bosse à Poiso, je rattrape Quentin Stephan (ex-Lafuma) et m’arrête 4 minutes pour dormir. Là, je ne suis pas au mieux entre la tête qui tourne et le corps qui assimile de moins en moins la nourriture. Quentin abandonne ici, et je me motive pour les 25 derniers km : objectif 3h !

Il sera quasiment tenu ! Je repasse par beaucoup d’endroits parcourus en février sur la fin, notamment le magnifique chemin du littoral. Je me surprends à relancer en courant dans les montées et parviens encore à courir à 11km/h dans la levada finale qui plonge vers Machico.

Malheureusement certains courent à 11.3km/h et je perds 4 places sur cette portion. Dommage après tant d’heures et tant d’efforts ! Mais franchement, j’aurais signé mille fois pour ces 18h05 sous l’arche d’arrivée ! 29ème au final (sur 385, le même temps valait un top 10 en 2014!) et comblé par cette course parfaitement gérée de bout en bout pour la première fois. En tout cas, c’est le jour et la nuit par rapport aux galères vécues à la TDS (qui laisseront plus de souvenirs ceci dit !).
Bien sur, il y a bien quelques minutes à grappiller aux ravitos ou sur certaines sections, mais j’ai vraiment le sentiment d’avoir tout donné et d’avoir exploité 95% de mes possibilités du moment ! Une assistance m’aurait surement fait gagner quelques places, mais franchement, quelle importance ?
Toujours zéro abandon, toujours beaucoup de plaisir à courir des ultras et à découvrir de nouveaux horizons. Si en plus je progresse, ce n’est que du bonheur. Je repars de Madère en mettant le cap sur la Norvège avec la Tromso SkyRace début août… D’ici là, je repars sur courtes distances avec le Tour du canton du côté de Genève fin mai/début juin ! Trois 10km en 3 semaines… Pas vraiment le même sport, mais ça aide pour ce genre d’épreuves longues!
Un immense merci à Patricio et son équipe de Madeira Rural pour l’invitation. Madère est vraiment une île rêvée pour le Trail, et je ne peux que vous la conseiller pour préparer des courses comme la Réunion… ou pour changer d’air à moindre frais tout simplement ! C’est un paradis pour qui aime le dénivelé, les beaux petits sentiers…. et l’huile d’olive !
Un grand merci à Hoka également pour les chaussures. Testées un peu en dernière minutes mais largement approuvées. Je ne les mettrai pas 100% de l’année, mais elles font leur preuve en ultra, c’est certain !
Photos : Organisation sauf mention Peignée Verticale.




5 réponses

  1. Très beau récit de course. Et parcours qui parait très difficile. Donc BRAVO ! Avec Passeport marathon, nous organisons des voyages solidaires à l'international. Notre démarche est simple : courir tous ensemble pour soutenir une association. Avez vous déjà participé à des courses solidaires ?

  2. Histoire de faire « 1 pierre 2 coups » j’ai opté cette année pour quelques jours en touriste et le format 85km du MIUT !
    Outre le fait de bien ouvrir les yeux pendant la course, 2/3 trucs à ne pas louper en tant que touriste ?
    Merci pour ce récit

    ps : ce sera l’occasion de tester les Nike zoom wildhorse 3 en course, histoire de savoir si « la virugule » nous gratifie vraiment d’un modèle longue distance 🙂

    Thomas

    1. Salut Thomas,
      Merci pour ta visite 🙂
      A ne pas manquer : Plateau de Fanal, piscines naturelles à Porto Moniz, traversée des Pics, et bien d’autres !
      Bon voyage et bonne course, tu vas te régaler !

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