Et puis, mi-juillet, les choses se sont un peu calmées, comme si une fenêtre m’était proposée pour réussir ce défi : je m’y suis mis a fond pendant quelques semaines pour au moins arriver prêt à tenir la distance. Mon opération « Sauve qui peut » de l’été !
Un lever de soleil d’une rare beauté
Au Lac Combal – Photo Yorick Muller |
Je fais le plein d’eau et repars après 2 petites minutes d’arrêt vers le Col Chavannes. Il fait froid dans cette montée raide à l’ombre, et je mets même les gants qui complètent ainsi les manches longues que je porte depuis le départ. J’ai accéléré légèrement le rythme. A quelques lacets du sommet, c’est Maud Gobert que je reprends. Elle est en tête mais seulement 90ème au général environ. Je suis donc dans les clous et content d’être en bonne compagnie 🙂
Col Chavannes – photo Yves-Marie Quemener |
Col Chavannes – photo Yves-Marie Quemener |
De l’eau, il me faut de l’eau !
Au dessus de Bourg-Saint-Maurice – photo Mountain40 |
A l’arrêt.
Au dessus de Bourg-Saint-Maurice – photo Mountain40 |
J’irai au bout. Point.
Cormet de Roselend – photo Laurie Renoton |
C’est au sein d’un groupe silencieux que je monte au Col de la Gitte. Ça serre les dents, mais ça avance encore fort dans cette partie du peloton. Les couleurs sont belles, à jouer entre les bancs de brouillard et le coucher de soleil. Bientôt, il est temps d’allumer la frontale. Et d’entrer dans une autre course.
La nuit me donne l’impression de toucher au but, mais il me reste près de 7h de course. Le chemin jusqu’au Col du Joly est plutôt technique et impose une certaine attention… Depuis quelques centaines de mètres, j’entends la musique du prochain ravito, mais il tarde à se montrer… Et enfin, il se détache dans le brouillard.
86 km ! Il en reste 10 jusqu’aux Contamines et ensuite je connais le chemin par coeur. C’est bon, ça va le faire ! Je crois que c’est dans la descente vers Notre-Dame-de-la-Gorge que je le réalise. Je vais un peu -beaucoup – plus vite et arrive à un bon rythme aux Contamines, après cette longue portion de faux plat que je connais si bien (mais cette fois dans le bon sens !). Tout le village dort, sauf à l’entrée où Mathieu de Douzaleur assure l’ambiance ! Merci !
Photos : Alexis Fromaget |
En montant, je dépasse le cap des 100km pour la 2ème fois de ma vie seulement, les yeux hagards sur le GPS. Pour un fan de chiffres, c’est un peu comme regarder le compteur de la voiture dépasser les 100.000 🙂
Je suis rapidement au Chalets du Truc, et redescends difficilement sur les Chalets de Miage. Mon ongle de gros orteil bien amoché 40km plus tôt me fait vraiment mal, au moins autant que mes cuisses.
En fait, il vaut mieux que ça monte à ce stade de la course je crois. Ce que je fais plutôt bien dans le Col de Tricot, puisque je reprends pas mal de places, dont Néréa Martinez. Je compte l’écart avec les frontales qui me précèdent pour passer le temps. Je n’ai plus envie de dormir, mais je serais tout aussi bien dans mon lit.
Ce n’est pas pour tout de suite. Elle est longue cette traversée jusqu’au Col de Voza, pour ceux qui la connaissent… Presque 1h à faire attention à ses pieds, mais désormais il n’y a presque plus que la descente !
Plus que 10km, sur un pied.
1h pour descendre aux Houches (800m de dénivelé…!) en serrant les dents et en maudissant mon manque d’entraînement en descente ! Encore un petit effort sur le bitume, et voilà le dernier ravito ! Désert lui aussi.
Je ne m’arrête même pas. Je ne fais plus vraiment plaisir et j’ai juste envie de rentrer. Il ne tient qu’à moi d’allonger ce qu’il me reste de foulée sur les 8 derniers km. Nous repartons à deux du ravitaillement, mais je mets un coup d’accélérateur et me retrouve vite seul dans le noir sur le chemin menant à Chamonix.
Un régal que ces montagnes Russes au bord de l’Arve avec un pied en moins. Je savais que ce serait un calvaire, ça ne loupe pas. J’avance malgré tout d’un bon pas et entre finalement dans Chamonix (où je me fais déposer par un concurrent à plus de 12km/h..!) après plus de 20h30 de course.
Personne devant, personne derrière. Je savoure enfin, après des heures à traîner la patte et à puiser dans les réserves mentales. Le plaisir n’a pas toujours été au rendez-vous, en dépit d’un parcours absolument magnifique et bien plus technique et difficile que l’UTMB. C’est aussi ce que j’aime dans le Trail, d’être capable de se transporter si loin.
Qu’elle fait du bien cette dernière ligne droite, toute endormie. Je le tiens mon grand Chelem Chamoniard, mine de rien. 2010, 2013, 2014, j’aurai donc bouclé les 3 ultras de l’UTMB (et toujours à 3h du mat’, dans des rues désertes !).
Ça a été une dure journée, sans trop de sensations, mais je suis fier d’être allé au bout. Cette fois-ci, c’est en 66ème position et en 20h36 pour 120km/7.300+ que je passe la ligne (à plus de 6h de Xavier Thévenard… dément!). C’est anecdotique, mais c’était loin d’être gagné au vu de la préparation.
Le plus important, c’est que Margaux et Alex se soient levés pour m’accueillir! Il y a moins d’émotion que les autres années, mais ça fait toujours autant de bien de partager ces moments-là ! Merci 🙂
Et un grand MERCI à ceux qui seront arrivés au bout de ce long récit, à Alex/Clémence/Margaux et Laurie pour leurs encouragements et leurs sourires. Mention spéciale à Lolo, avec qui je partage trail, ski et famille depuis tant d’années, toujours avec le même plaisir, et à Alex, toujours présent pour les grandes occasions.
Une belle page de plus au carnet des souvenirs et toujours un zéro pointé dans la case abandon, même s’il faudra y passer un jour ! En bref, c’était (presque) le pied !
Photo : Alexis Fromaget |
Stay tuned !
Timoth
6 réponses
Superbe récit !
Enorme ! Bravo Timoth !! Superbe récit. Bon je crois que je vais rester aux trails courts de 30 kms 😉
Excellent ! Jolie course, au courage ! On a du se croiser sur les chemins (sur l' UTMB en 2013 et la TDS cette année). Fred
Chapeau M'sieur Timoth
et de 3…respect
au plaisir de te croiser sur un sentier! Stef
Bravo, j'ai enfin pris le temps de le lire ! Ptet qu'un jour je m'y mettrai… qd je serai vieux ? 😉
Vraiment une belle bataille, encore bravo amigo !!!