Le Népal.
Une destination de rêve pour bon nombre d’amoureux de la montagne. Ce petit pays, qui recèle la majeure partie des plus hauts sommets himalayens attire autant qu’il effraie.
En-dessous de 4.000m on y parle de collines, en-dessus de 6.000m de vraies montagnes…Le Tour des Annapurnas se situe quelque part au milieu de tout cela.
Depuis quasiment 10 ans que j’ai ciré les bancs de l’école à Grenoble, je vis montagne. Boulot et vacances ne sont que sommets, et la plupart de mes activités riment avec dénivelé.
Depuis 10 ans, le Népal est comme une étape à cocher, une destination tout en haut de la liste. Si j’ai attendu novembre 2017 (et exploré bon nombre d’endroits avant !), c’est probablement pour être sûr d’y être prêt, de le mériter.
En choisissant avec Laura le Tour des Annapurnas comme premier trek, nous avons opté pour un tour accessible. Pas exactement un parcours d’initiation mais rien d’engagé : juste ce qu’il nous fallait pour éveiller la curiosité et avoir le temps d’en profiter, en gardant un peu de souffle.
Récit en images de 15 jours de cartes postales au pays des 8000.
Tout voyage au Népal démarre et se termine quasiment obligatoirement par un passage à Katmandou. La capitale à l’air irrespirable a été la première étape de notre aventure. Deux jours à sillonner les rues poussiéreuses et ultra-touristiques du ghetto de Thamel pour régler les formalités administratives (permis de trek, retrait de cash, derniers achats..).
Katmandou, le passage obligatoire
Nous n’avons pas visité le célèbre Durbar Square mais avons passé une fin de journée à l’ambiance lumineuse parfaite au Monkey Temple. Un dernier zeste de civilisation avant le départ.
C’est en bus que nous avons voyagé de Katmandou jusqu’à Besisahar (10h, en voiture pour la dernière heure), point de départ de notre trek. Il est important de préciser « notre » trek, car chacun façonne vraiment son parcours sur le Tour des Annapurnas.
Le tour intégral se fait en 21 jours, nous en avons fait 7 en allongeant certaines étapes mais en gommant toute la fin du parcours, faute de temps et d’intérêt visuel.
Si certains choisissent également de raccourcir le début du Tour en empruntant des 4×4 jusqu’à plus de 3.000m, nous avons voulu mériter notre trek et sommes donc partis de Besisahar, à 800m d’altitude.
Les Annapurnas se méritent. En partant de 800m d’altitude, il vous faudra quasiment 3 jours de marche et 75km pour obtenir la récompense tant attendue : marcher en altitude au milieu des 8000.
Autant être honnête : les deux premiers jours sur une piste 4×4 n’ont pas été extraordinaires, mais ont servi d’excellent sas de décompression pour assimiler ce nouveau quotidien fait de poussière sur les chaussettes et de kilos sur le dos.
Ils ont tout de même offert les premiers points de vue sur les hauts sommets ainsi que de bien belles rencontres sur les chemins de l’école. En bas de la vallée, on cultive du riz en terrasse et l’eau n’est pas un problème. Difficile alors de s’imaginer comment cela sera plus haut.
« En une centaine de kilomètres, on change de modes de vie. On voyage. »
Au fil des kilomètres, le nombre de voitures diminue sur la piste, la végétation change et l’air se raréfie. C’est le côté magique de ce trek : en une centaine de kilomètres, on change de repères, de paysages, de modes de vie. On voyage.
La principale difficulté ?
Ne pas se laisser griser et ne pas avancer trop vite. Les premiers jours, tout bon sportif est relativement à l’aise même en marchant jusqu’à 25km par jour.
Au-delà de 3.000m, la donne change : la récupération est moins bonne et l’altitude impose sa loi. Il faut alors accepter de ralentir le rythme, allonger les soirées au coin du feu et découvrir une autre facette du voyage : la patience.
En novembre, la nuit tombe tôt, aux alentours de 17h30.
On prend alors le temps de vivre : avec un livre ou pour ma part avec mon appareil photo. Je me suis régalé à immortaliser les lumières somptueuses des couchers et des levers de soleil.
Seul impératif : ne pas oublier sa doudoune !
S’il est possible de marcher en short jusqu’à 4.000m en journée, c’est un autre monde dès que le soleil se couche et la température peut chuter de 10 à 15 degrés d’un coup !
Les 0 à 5 degrés dans les chambres des guest house deviennent presque un luxe… pour peu d’avoir un bon duvet 🙂
« Après Mungi (3200m), c’est un enchantement quasi permanent! »
Les journées se suivent et se ressemblent, chacune nous déconnectant un peu plus de nos repères. Les arbres se raréfient, la glace se montre au petit matin et surtout la beauté des paysages va crescendo. Après Mungi (3200m), c’est un enchantement quasi permanent qui débute, sous la surveillance des Annapurnas.
Pourtant, c’est aussi précisément à Mungi (et un peu avant) que les choses sérieuses démarrent vraiment. On ne repassera plus sous les 3.200m jusqu’à la fin du Trek !
C’est donc le bon moment pour rester deux jours au même endroit et faire une randonnée d’acclimatation en aller-retour avec un sac léger : le Ice Lake (4600m). J’en profiterai même pour pousser jusqu’à 4815m…et passer le Mont Blanc !
« On ne repassera plus sous les 3.200m jusqu’à la fin du Trek ! »
Après ce repos relatif, il est temps de reprendre notre rythme classique et notre gros sac en direction du bout du monde : celui où les 4×4 ne peuvent pas aller.
Direction le bout du monde !
En effet, après Manang, plus personne ne peut circuler autrement qu’à pied… et cela nous fait grandement plaisir après près de 5 jours à manger de la poussière dès lors que nous étions sur la route principale.
Le cheminement après Manang marque presque le début d’un deuxième trek. Pas forcément le plus joli car on se retrouve au pied des géants de glace, mais de loin le plus authentique et le plus valorisant. Chaque pas, même bien entraîné y est un petit combat !
À plus de 4.000m, les repères de la plaine sont bien loin et les paysages désertiques se font plus hostiles. Les yaks ne sont plus de la partie et seuls de petits bouquetins locaux montrent le bout de leurs cornes.
« Faut-il continuer ou patienter ? »
L’ascension au refuge de Thorung Pedhi, où l’on passera notre dernière nuit est longue est difficile. La nuit est mauvaise, et en se réveillant avec un mal de tête bien présent le doute s’installe. Faut-il continuer ou patienter ?
Nous sommes montés très vite sans acclimatation et le payons un peu au moment d’aborder le fameux Thorung La (5.416m) qui marque la porte de sortie de l’aventure. Finalement, nos amis Suisses avec lesquels nous marchons depuis plusieurs jours achèvent de nous convaincre : nous tentons !
Le départ par -15°C sous les étoiles est inoubliable. La montée avec les premières lueurs du jour l’est tout autant. Il ne nous faudra que 3h pour atteindre le col et gravir les 750m de dénivelé. Cela paraît ridicule, mais à cette altitude, ce n’est pas si mal 😉
Thorung-La Pass : 5416m
Et puis enfin, nous y sommes !
On en profite à peine, comme à chaque sommet. Une photo, une petite larme et puis s’en va. Nous y avons pourtant pensé pendant 6 jours à ce foutu col !
Mais l’esprit est un peu embrumé et la route est encore longue jusqu’à Muktinath : 10km et 1.600m de descente à travers des paysages toujours plus désertiques.
C’est donc à Muktinath, après plus de 60h de marche que notre épopée s’arrête. Ici, à 3.800m, on croit respirer de nouveau, on se sent léger et on apprécie le repas et la bière fraîche.
Un vrai beau défi de relevé en couple, loin de tout, en connexion totale avec ces montagnes majestueuses.
Nous avons choisi de ne pas pousser plus loin car nous avions atteint notre but et souhaitions profiter de d’autres facettes du Népal. L’envie de revenir pour un autre trek n’en sera que plus grande !
Les palmes de la beauté
Si l’ensemble du parcours est pour tout randonneur une merveille absolue, certaines parties me resteront en mémoire à vie par leur démesure et leur esthétisme.
Cette montagne sans nom, culminant à plus de 5.000m en fait partie ! Une ardoise…de 1500m de hauteur !
Les multiples gravures visibles sur les temples et près des rouleaux de prière sont elles aussi de vrais trésors à protéger.
Et puis la montée au Ice Lake, à 4600m, face à toute la chaîne des Annapurnas, qui ferait passer la Jonction à Chamonix pour un GR de région Parisienne…
Trajet effectué sur 7 jours : traces Strava
- J1 : Besisahar – Ghermu > https://www.strava.com/activities/1288045752
- J2 : Ghermu – Danakyu > https://www.strava.com/activities/1288052281
- J3 : Danakyu – Dhikur Pokaharu > https://www.strava.com/activities/1288073404
- J4 : Dhikur Pokaharu – Mungi > https://www.strava.com/activities/1288532730
- J5 : Mungi – Ice Lake (4600m) – Mungi > https://www.strava.com/activities/1289415185
- J6 : Mungi – Thorung Pedhi (4650m) > https://www.strava.com/activities/1292639998
- J7 : Thorung Pedhi – Thorung La Pass (5416m) – Muktinath > https://www.strava.com/activities/ 1292645480
Le point matériel :
Niveau matériel, j’ai opté pour un équipement au plus light sans trop sacrifier la qualité. J’ai donc embarqué un Sony A6300 (capteur format APS-C) et trois objectifs : 12mm f/2.2, 35mm f/1.8 et 18-105mm f/4.
Le poids total était de 2kg + les batteries. J’ai transporté le tout dans une pochette holster et beaucoup utilisé le très ingénieux clip Peak Design Capture v2.
De quoi couvrir une grande quantité de situations…et entretenir un peu de frustration par rapport au plein format 🙂
3 réponses
Bonjour,
Votre itinéraire fait rêver, avec mon compagnon on souhaite se lancer dans l’aventure de ce trek en mars-avril prochain.
Nous sommes sportifs « du dimanche » mais allons reprendre une forme physique meilleure pour l’occasion. On s’était fait la réflexion de faire le trek en 10 jours (en démarrant un peu plus loin que vous à Bhilbhule et en s’arrêtant à Jomsom).
Est-ce que ça vous semble faisable ou pas ? Nous sommes preneurs de tous conseils d’expérience 🙂
NB : vos photos sont superbes !
Merci pour votre passage ici !
Tout est possible…cela dépend de la forme de chacun !
Cependant en 10 jours, votre acclimatation ne sera peut-être pas optimale (7 jours était trop rapide pour nous par exemple).
Le mieux est de prévoir une période un tout petit peu plus large, au cas où vous auriez besoin de plus de temps pour vous sentir à l’aise en altitude.
Bon voyage !