Il y a une dizaine de jours, nous étions sollicités par Hoka pour couvrir les Championnats du Monde de Trail, hébergés cette année par l’organisation (très) expérimentée des Penyagolosa Trails, une épreuve vieille de près de 20 ans.
Nous avions ainsi pour mission de suivre les athlètes de la marque ayant été sélectionnés par leurs fédérations respectives. Malgré quelques forfaits tardifs (Nicolas Martin, Tim Freriks, Tim Tollefson), les clients à suivre étaient sérieux avec Ludovic Pommeret, Tom Evans, Amandine Ferrato et dans une moindre mesure l’américaine Sabrina Little.
L’initiative de la marque Hoka One One sur cet événement est réellement à souligner. C’est ainsi la seule marque « officielle » du plateau à avoir dépêché un photographe pour couvrir une compétition souvent critiquée et dévalorisée, malgré la densité en progression constante du niveau au fil des éditions.
Le hic pour les équipementiers : les athlètes y courent avec le maillot national, souvent d’une marque différente de leur sponsor habituel… et il est donc difficile de communiquer aussi efficacement que sur une épreuve standard !
Mais courir avec le maillot de son pays a souvent plus de valeur que de pures considérations marketing.
Et voir un Tom Evans franchir remporter une médaille de bronze avec un maillot Nike est tout à fait exploitable d’un point de vue communication pour la marque Hoka. C’est exactement la même chose lors des Jeux Olympiques, et il est évident que les marques bénéficient de retombées immédiates lorsqu’un de leurs athlètes est médaillé. Fermons la parenthèse marketing 🙂
Il me semblait cependant important de souligner que ces jeunes Championnats du Monde (ils ont moins de 10 ans) gagneront encore en crédibilité et en prestige si les sponsors principaux du circuit jouent le jeu et s’y intéressent, de même que les plus grands noms de la discipline (une faible partie du top 20 mondial est présent).
Du côté sportif, j’ai assisté à une belle course dans ce petit massif de Penyagolosa, proche de Valencia. Si le décor méditerranéen était agréable mais n’avait pas franchement de quoi faire rêver un coureur alpin, la bagarre a bien été présente et c’est au bout d’une tout en gestion que Luis Alberto Hernando a été sacré champion du monde pour la 3ème fois (2016, 2017, 2018).
Zach Miller a dynamité la course dès le départ avant de céder la première place à Luis Alberto Hernando au 65ème kilomètre (la course comptait 85km pour 5000m de dénivelé positif). Tom Evans a longtemps été 2ème et 3ème avant de confirmer sa 3ème place et toute l’étendue de son talent. Il fera partie des coureurs à suivre dans les années à venir !
La 2ème place de Cristofer Clemente est tout aussi épatante, puisqu’il a réussi une remontant exceptionnelle pour gagner 5 places dans les 25 derniers kilomètres !
Côté féminin, Ragna Debats a mené toute la course pour s’adjuger la victoire et la locale Laia Cañes a donné tout son coeur pour terminer deuxième. La troisième place est revenue à Claire Mougel qui est revenue en boulet de canon sur la fin de course !
Les Français, qui accumulaient les victoires depuis plusieurs éditions ont connu un millésime 2018 moins brillant. Si Claire Mougel a surpris tout le monde en s’emparant du bronze chez les femmes et que Ludo Pommeret a une fois de plus assumé son statut, les autres coureurs ont été moins à la fête avec aucun représentant dans le top 5.
Les hommes (3ème) et les femmes (2èmes) sont bien montés sur le podium par équipes, mais peu de nations ont 3 coureurs de top niveau, rendant donc ce classement relativement accessible
Après Annecy en 2015, cette édition 2018 était ma deuxième au coeur de la course. Force est de constater que cet événement progresse, que l’engouement est de plus en plus en fort et que cette compétition devient légitime.
J’ai assisté en Espagne à un vrai beau moment de sport avec de l’émotion, de la générosité dans l’effort, du dépassement de soi pour montrer le maillot et une organisation à la hauteur de l’événement.
Le Trail est loin d’être un sport facile pour ses athlètes : peu de moyens, peu d’espace médiatique, un entraînement très chronophage et des sacrifices toujours plus importants à consentir pour espérer exister au plus haut-niveau.
A nous tous acteurs de la discipline de le faire grandir encore, comme en accordant du crédit à ces Championnats !
Timothée